A l’origine érigée comme prieuré dépendant de l’abbaye bénédictine de Déols et consacrée à saint-André, l’église de Bonnes conserve presque intégralement sa structure romane : façade, nef, travée sous clocher et chevet remontent au XIIe siècle. Seulement le clocher a été reconstruit en 1892, après avoir été endommagé par un tremblement de terre au XVIIIe siècle et s’être définitivement effondré en 1889
Les modifications plus importantes à la structure originaire sont donc concentré sur le coté sud de l’édifice où, au XVe siècle, une chapelle seigneuriale à deux travée fut accolée à la nef. Construite quelques mètres plus à l’est par rapport au plan de la façade, elle est accessible à travers une porte ouverte dans le mur qui donne vers la place, ornée d’un encadrement avec les piliers et le linteau à moulurations prismatiques.
La chapelle, restaurée en 1908, est mise en communication avec la nef par des ars en ogive, larges et épaisses, qui repose sur un grand pilier à section circulaire. L’ouverture de ces passages comporta la démolition partielle d’une des colonnes adossées au mur gouttereau sud, qui servait de soutien à une originaire voûte en pierre (probablement à berceau) couvrant la nef. De cette époque daterait donc la réfection de la couverture de la nef en bois.

Bonnes, église Saint-André, intérieur, chapelle latérale. Les présences héraldiques sont concentrées dans la chapelle latérale, sur les clefs de voûte et, justement, sur les clefs des arcs formerets qui la mettent en communication avec la nef. Signalées dans la littérature, ces armes ont été identifiées avec celles des seigneurs de Touffou, un des fiefs situés dans les alentours du village. Il s’agirait donc des Montléon ou des Chasteingner qui se succédèrent dans cette seigneurie : en 1519 Jean Chasteigner, signeur de la Roche-Posay, épousa claude de Montléon, dame de Touffou, et emmena le fief dans le propriété de sa famille (Beauchet-Filleau 1895, p. 277; les deux furent enterrés dans l’église de la Roche-Posay.
Les deux familles portèrent des armes très semblables : d’or, à un lion passant de sinople, armé et lampassé de gueules, les Chasteigner de gueules au lion passant d’argent, armé et lampassé de gueules les Montléon (comme l’on voit dans le décor peint, daté vers 1270, d’une salle du donjon du château de Touffou.
En réalité seulement une des armoiries aujourd’hui visibles peut être attribuée à une des deux familles (armoirie 3). Trois autres écus, également dépourvus de toutes couleurs, présentent en effet seulement une fasce haussée (armoiries 1, 2, 4), tandis qu’une dernière – surement plus tardive, comme l’on apprend par la forme arrondie de la pointe de l’écu – est totalement vierge (mais elle pourrait avoir été ajoutée au cours des travaux de restauration du début du XXe siècle, comme celle qu’on voit sculptée à l’extérieur dans une console qui soutien la gouttière. La perte de la polychromie originaire sur l’armoirie au lion (armoirie 3) empêche de reconnaître quelle des deux familles commandita la construction de la chapelle, en dérivant le droit d’exposer son armoirie, et, par conséquent, réduit la possibilité d’identifier le porteur de l’autre enseigne, qui sera de toute évidence à rechercher parmi les conjoints du patron de la chapelle. Si la forme de l’écu reste en usage jusqu’au début du XVIe siècle, des autres éléments nous invitent à dater la construction de la chapelle dans la seconde moitié du XVe siècle, tels que l’aspect encore gothique du lion, avec son contour frémissant (armoirie 3), ou la forme de la couronne végétale qui encadre les deux écus sur les clef de voûte. Par conséquent, l’armoirie au lion pourrait bien appartenir au Montléon. Bonnes, église Saint-André, chapelle latérale, clef de voûte armoriée.
Bonnes, église Saint-André, chapelle latérale, clef de voûte armoriée. Toutefois, l’autre armoirie (armoiries 1, 2, 4) reste énigmatique. Puisqu’il nous semble irréel d’avancer l’hypothèse que les trois enseignes ont été partiellement bouchées tout en sauvegardant la fasce dans la partie supérieure de l’écu – d’ailleurs aucune trace de bûchage est actuellement visible -, il faudra cherche cette armoirie parmi celles portées par les familles proches aux Montléon. Malheureusement, aucun des lignages liées à eux semble avoir eu une armoirie à la fasce haussée, soit qu’elle composait toute seule l’enseigne, soit qu’elle était accompagnée par des autres éléments (nous pouvons imaginer que des meubles étaient peintes sur la surface de l’écu et ont été tout simplement effacés ou badigeonnés). L’hypothèse plus plausible, à cet état de la recherche, est que l’armoirie appartenait à Jeanne Pot de Rhodes, femme de Joachim de Montléon, dont la famille portait d’or à la fasce d’azur. Cette identification, encore à prouver, permettrait de dater la construction de la chapelle avant (ou peu après) 1490, année de la mort de Joachim. Malheureusement, on ne connait pas le lieu de sépulture de la couple, mais il faut considérer que les Monltéon avaient probablement le patronat de l’église de Bonnes déjà vers la fin du XIIIe siècle
Par contre, on sait que le fils aîné du susdit Jean Chasteigner meurt en 154o nagé dans la Vienne et fut inhumé à Bonnes, mais il est difficile de reconnaître des liens avec le programme héraldique de la chapelle (Jean n’était pas marié).